● 影の街に住む魂の信じられないほどの物 語 ●

TU ES TES PROPRES CHOIX起

- Tiens, mets ces araignées-libellules dans son lit avant qu'elle aille dormir, ça lui apprendra à me voler ma copine à la récré.

Les chuchotements sont au rendez-vous derrière la cloison qui vous sépare de votre prochaine victime et ton cœur d'enfant vacille entre l'éducation de mère et les envies de ta jumelle. Tout bas, tu bredouilles, inquiet :

- Mais elle va avoir peur, et peut-être même faire des cauchemars, ce n'est pas gentil.

Les mains de ta cadette sont pleines de terre, les tiennes, intactes, pourtant vos doigts sont liés de cette même étrangeté naturelle qui est née entre vous lors de votre naissance il y a sept ans. Votre lien va magiquement au-delà de ce que votre fusion natale vous apporte, mais les mots pour la décrire sont inexistants, insuffisants, vides. Rien ne saurait palper le contour même du reflet de vos âmes unies.

- Tu es vraiment trop doux Juuichi. Papa te dit souvent que les gens vont profiter de toi si t'es trop gentil.

Les mots sont innocents, parviennent à peine à saisir l'importance de leurs poids dès lors les syllabes heurtent l'air du dehors, mais tu es toi. Tu t'appelles Juuichi, et ta gentillesse est le renvoi direct de la personne qui se dessine sur tes traits au fil du temps. Tu es blanc, et tu es pureté. Tu es sourire, et tu es bienveillance.

- Ne t'inquiète pas, je vais le faire, qu'elle finit par t'annoncer.

Le sourire qui parsème la voix de ta jumelle te captive et à défaut de lui lâcher la main pour la laisser être elle, tu ne la lâches à aucun moment du regard. Tes yeux curieux observent les replis de son kimono froissé et sali, ses cheveux en batailles, ses intentions mauvaises et le noir de ses envies. Elle est noirceur, et elle est souillure. Elle est mesquinerie, et elle est arrogance.

TOI, ELLE, UN承

La centaine d'années tisse sur vos visages poupons la maturité que vous impose le temps et la société, mais toi, tu es toujours autant tendresse, et malgré la méchanceté innée chez ta jumelle, votre lien n'a fait que se renforcer. Jamais l'un sans l'autre, toujours là pour l'autre, sans jamais affaiblir la lumière qui éclaire vos cœurs de leur singularité contraire. Ta bienveillance attire et la noirceur de ta cadette repousse les âmes malveillantes. Une complémentarité qui commence à faire parler d'elle, et avec vos apprentissages respectifs, vous devenez rapidement le duo Kazama implacable. Mère est fière de vous, et père aussi, bien qu'il soit rarement présent. Les attentes commencent à s'empiler sur vos épaules, mais vous êtes deux, vous êtes unis, et vous êtes forts.

Mais la maladie, elle n'a même pas daigné sonner son glas avant de foudroyer ta sœur.

Elle est au sol, le sang s'échappe de son corps comme s'il rejetait l'abomination de son enveloppe. Le cœur ralentit, les poumons suffoquent, les organes s'affaiblissent. Vous ne comprenez rien. Tu ne comprends rien. Tu es au sol, tu la tiens, tu lui parles, et pour la première fois même, tu lui cries dessus. Tu as l'impression que ta vie s'échappe au même rythme que la sienne sans que la maladie ne te touche. Tu suffoques à ton tour, ton cœur se compresse dans ta poitrine et bien vite l'oxygène dérobe les mots de ta bouche. Elle dans tes bras, le teint devenu rapidement cadavérique, tu fais face à la pire des visions qui puisse t'être dévoilée dans ta vie. Tu la sers fort, tu refuses, tu pleures. Tu donnerais tout pour qu'elle puisse aller mieux, que ses paroles acerbes heurtent les habitants par leur froideur, que son arrogance toise même la plus grande majo de cette ville. Tu veux la voir sourire, et pour ça, tu donnerais tout. Tu donnerais ta vie, Juuichi. C'est un vœux. C'est un ordre de toi à toi. Ta vue se brouille, et le noir emprisonne rapidement ton esprit dans sa prison de ténèbres.

TA SŒUR, TA RESPONSABILITE轉

- Juiichi, tu lui as sauvé la vie.

Tes paupières bien lasses se voient agressées par ta volonté au même titre que ton corps la subit. Tu te redresses, fais fi de la douleur de ton enveloppe et de ta rétine qui crie au sommeil et tu cherches à sortir du lit. Mère essaye de t'arrêter, tu as besoin de repos, mais tu forces et finis par tomber au sol. Tu as moins de stabilité qu'un faon à peine le museau découvrant la vie. C'est étrange et dérangeant, toi qui est d'ordinaire si fort et si robuste. Mère te reprend et ses bras entourent ton corps devenu frêle. Combien de temps s'est-il écoulé? Tu ne le sais pas, mais ça n'a pas d'importance.

- Ca va aller Juuichi, elle va bien, elle va bien, et tu vas bien. Mes deux trésors vous allez bien.

Mère explose en sanglot dans tes bras, et ses paroles t'atteignent, enfin. Une rivière se déverse sur tes joues et rapidement tes pleurs résonnent et redonnent vie à cette famille qui a cru un instant vous perdre tous les deux.

"Vos vies sont liées, et votre douleur peut être partagée."

L'incompréhension se lit sur les traits de ta famille tandis que Mère vous fait part de la conclusion amenée par la Okaasama. Tes doigts se crispent presque de bonheur sur le tissu de ton kimono à mesure que tes yeux se remplissent d'étoiles. Tu n'as pas besoin d'écouter le reste, tu as compris, tu l'as toujours su, senti, vécu. Ta jumelle est malade, mais tant que toi, tu seras debout, elle ira mieux. Tant que tu resteras fort pour vous deux, elle pourra continuer de vivre. Peu importe si tu dois passer ta vie à supporter sa souffrance en attendant un remède miracle, c'est avec un bonheur immense que tu acceptes ce destin qui t'incombe.

SA CHANSON, TA CHANSON, VOTRE CHANSON轉

Quelques heures à peine séparent ton réveil de votre cérémonie. Ta jumelle est là, magnifique, le teint parfait comme avant que tu ne l'aies vu au sol gisant dans un sang beaucoup trop belliqueux, et son sourire réchauffe ta poitrine. Vos mains se cherchent, se rassurent par leur chaleur vivace, mais vous n'avez pas le temps de savourer vos retrouvailles.

Allongé sur ton ventre et couvert d'une unique serviette pour cacher l'intime, ta sœur est à tes côtés, assise, le dos droit, parfait, la fierté magnifique, la larme fragile sur sa joue rebondie.

- Je suis là, que tu mimes sur tes lèvres pour la rassurer.

Votre famille vous entoure. Père aussi, est présent, et tu aimerais pouvoir réclamer de chaudes paroles de sa part, des encouragements, une main rassurante sur ton épaule, une présence paternelle que tu as toujours recherchée sans oser la demander. Tu as peur au fond de toi alors que tu es conscient avoir sauté sur la proposition qui a découlé de la découverte de votre lien unique. Juiichi, tu te dois d'être fort. Pour ta famille, pour ton nom, pour ton sang, pour ton père, pour ta mère. Pour ta sœur.

Tes lèvres se pincent mais tes yeux restent profondément ancrés dans ceux de ta double à chaque nouvelle inscription, à chaque fois qu'une note de votre musique s'inscrit plus profondément dans ta chaire. C'est douloureux. C'est déchirant. C'est jouissif. Cette douleur est ta douleur, la tienne uniquement. Elle est à toi, elle est vrai, elle t'appartient. Elle est toi.

SI LA DOUCEUR DE TON ÂME EST LE REFLET DE SON CŒUR, SA NOIRCEUR EST LE REFLET DU TIEN
結

- Juuichi arrête tu vas la tuer!

Ta sœur se brandit face à toi, les larmes dévastant son visage magnifique et ton cœur se compresse à cette vision qui tord ton être jusqu'au plus profond de tes entrailles. Si par le passé elle était celle à souhaiter le malheur des autres, elle est dorénavant la bienveillance incarnée, le cœur à même la main tendue à chaque âme qui serait dans le besoin, même à ses agresseurs.

Tu t'arrêtes, posté devant cette majo de basse court, cette traitresse impure, immonde, et ses ushinawareta derrière elle, entraînés dans ses foutaises de rébellion. Le sang macule ton sabre alors que la froideur sied à la perfection tes actes. Kuro. En l'espace de quelques années, tu es devenu cet être froid qui ne connait la douceur qu'auprès de Shiro. Tu n'es plus blanc. Tu n'es plus pureté. Tu es contrôle. Tu es honneur. Tu es effrayant.

Si vos recherches ne vous ont point permis de trouver un remède au maléfice mortelle qui frappe ta sœur depuis près de 47 ans, vous avez cependant appris l'origine et tu es prêt à mettre ta vie en jeu pour tirer la carcasse de cette vieille sorcière qui s'est alliée à ces foutues enfants d'Izanami. Enfin, faudrait-il encore que ces traitres vendent leurs confrères pour remonter jusqu'à elle.

- Amène la à la guilde.

Le contrôle reprend possession de ta personne et efface la violence presque sanguine des traits de ton faciès parfait. Tu es droit. Tu es calme et lucide. Mais tu n'es pas moins froid. Ton apprenti obéit rapidement, un peu chamboulé de t'avoir vu, pour la première fois, sortir de cette aura de perfection qui fait tant parler à la guilde. La majo traitresse se voit embarquée, suivie par ses employé-e-s de près, tétanisé-e-s.

- Excuse-moi.

Le revers de ta main vient retirer avec une douceur irréelle les larmes qui chamboulent les joues de ta jumelle.


● ね、どこにいるの？ ●