「 relations 」

kami ●●●●○○○○○○
yōkai ●●●●●●●○○○
majo ●●○○○○○○○○
mahōtsukai ●●●○○○○○○○
ushinawareta tamashī ●●●●●●○○○○
tw : discrimination, meurtre, voyeurisme, guerre.

「 anecdotes 」
「 suana 巣穴 」
quelques néons rougeâtres 巣穴 qui grésillent et éclairent l'entrée d'une échoppe délabrée, boui-boui négligemment nommé le terrier. La vitrine est noyée sous un amas d'objets hétéroclites, morceaux de vie arrachés au monde des vivants qui s'enchevêtrent sur les étagères, dernière passerelle entre les âmes égarées et leur passé oublié. Mais c'est dans l'arrière boutique que le véritable spectacle se dévoile, maison de jeux clandestine qui prend vie derrière le shōji dissimulé dans les entrailles d'un placard d'où percent parfois quelques éclats de voix. Dans l'antre de l'amanojaku l'argent se joue au rythme des vies qui se dénouent.

「 you belong neither here nor there 」
les coups qui pleuvent sur l'épiderme, le satin de l'étranger souillé par les obscénités vociférées. Enfant métisse né d'un amour interdit, fille du matin calme unie en secret au fils du soleil levant, bel héritier envoûté par la douce immigrée. L'engeance est monstrueuse, zainichi sans avenir qui jamais ne trouvera sa place, tantôt "rejeton crasse de l'ennemi envahisseur" tantôt "la bête étrangère engendré par sa sorcière de mère". Abomination marginalisée, envoyée dans les mines de charbon quand la guerre vint effleurer les côtes nippones. La peau dorée se peint en noir, suie qui envahie les poumons, opprime un peu plus l'adulte-enfant qui rêve de prendre sa revanche sur l'existence, exalte les pulsions réprimées, l'ambition dévorante qui tord les tripes à défaut de l'élever. Il lui aura fallu céder pour que la liberté ne lui soit enfin accordée, yōkai né du sang versé pour apaiser l'esprit tourmenté.

「 stalks his prey in the night 」
être irrationnel fait immortel, le myocarde du démon est rongé par l'obsession. Amanojaku qui fait ployer les genoux, oni qui tire son plaisir de la souffrance qu'ont les impudents à courber l'échine, oppressé fait oppresseur des fiers aux mentons levés vers les cieux. Le désir s'enchaîne aux âmes défiantes, pensées qui s'enchevêtrent à l'idée de faire céder ceux qui jurent ne rien désirer, sombres envies qu'il décèle d'un simple battement de cil. Le monstre ne s'éloigne qu'après avoir dévoré sa proie.

「 wishing on a shooting star . ✵ * · . . 」
les sclères bercées de rêves crépusculaires, humain aux bras tendus vers le céleste, la tête peuplée de souhaits. Mais jamais les cieux n'ont-ils répondu à ses prières. Les orbes se sont durcies, le coeur aussi. Myocarde froissé par un silence assourdissant, muscle de papier lacéré et jeté dans un lac de solitude, le divin aussi insensible que les humains. Fervent croyant fait pécheur désillusionné puis génie d'une lampe à huile cabossée, le prix à payer pour s'émanciper de la mortalité est d'exaucer les voeux des autres à défaut d'avoir pu réaliser les siens.

「 more 」
espionne ses voisins de chambrée par le biais de petits orifices percés dans le mur. — fume par habitude. — maniaque, ne supporte ni la saleté, ni le désordre et difficilement les animaux. Nettoie le taudis qui lui sert de chambre tous les jours, armé de son plumeau et ses gants roses (mais aussi sa voix). — très compétitif et mauvais perdant. — c'est un grand parieur qui joue et mise beaucoup. — ironiquement piètre cuisinier qui a déjà manqué de faire brûler la cuisine, il n'achète plus que des plats préparés. — tolérance élevée à l'alcool. — a fait fuir tous ses précédents voisins de palier. — les iris se teintent d'or sous l'influence de fortes émotions et/ou l'utilisation de ses dons, dévoilant ainsi sa nature de oni. Lorsque l'illusion s'effondre, des cornes sont ansi visibles, dissimulées entre deux mèches sombres, et les ongles s'allongent pour devenir des griffes.

「 chronologie 」
1910 naissance au pays du soleil levant de l'enfant d'une mère coréenne, bambin à l'achromatopsie innée bien vite étiqueté zainichi et destiné à vivre en étranger.
1914 cruel abandon du père japonais, riche héritier voué à se marier, à enterrer ces années offertes à cette fille et ce rejeton illégitime.
1928 la majorité qui s'ouvre sur un avenir déjà assombri, la carne rodée aux discriminations, les portes qui se ferment avant même d'avoir été ouvertes, vilain petit canard marginalisé.
1939 les petits boulots s'enchaînent, la rudesse d'une existence trop morne qui use la couenne avant que la guerre n'éclate.
1940 main d'oeuvre qu'on envoie moisir dans une usine de charbon, étranger auquel on continue de refuser la citoyenneté, enfant de deux pays qui se fichent bien de le voir crever.
1945 explosion qui mutile l'esprit tourmenté, les yeux noyés sous l'horreur d'une guerre qu'il n'a jamais désiré, folie humaine qui éveille la sienne ; hiroshima.
1946 bête endormie depuis de trop longues années, l'âme percluse de souffrance, être qui ne se voit plus trouver la paix. La morale est balayée, émotions fait raz-de-marée, torrent sanglant qui s'abat sur les oppresseurs, individu mutilé qui s'élève des cendres de son humanité, meurtrier s'affranchissant de l'enveloppe charnelle et des lois des mortels. Amanojaku, le mauvais esprit céleste 天邪鬼.
1947 année d'errance qui le conduit dans les entrailles de kage no machi.
1959 emménagement au sein d'une résidence miteuse et délabrée du quartier des ombres, ukiyo 浮世. Les voisins disparaissent aussi vite qu'ils sont venus, antre où peu sont ceux qui osent s'y aventurer.
1961 la rancoeur contre les majos ne cesse de croître, déplaisante hiérarchie qui lui rappelle sa vie humaine, rivalité qu'il attise au fond des abysses.
1972 yōkai hargneux qui se met à cibler les ushinawareta tamashī - plus particulièrement ceux de yubaba, esclaves des sorcières qu'il se fait un plaisir d'enchaîner à ses désirs, revanche sur la vie tandis que les pauvres âmes s'endettent et qu'il s'enrichit.
1990 inauguration de suana 巣穴, échoppe sans éclat qui déguise une maison de jeu clandestine.
2021 variable venant perturber une vie bien rangée, grain de sable enrayant le rouage bien huilé : arrivée d'un voisin un peu particulier...